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La découverte du site gallo-romain
Les premiers témoignages écrits datent du début XVIIIème siècle, et sont signés de Claude Masse, ingénieur et géographe du roi Louis XIV, qui a étudié toutes les communes de la côte de la Saintonge ; il a noté minutieusement les éléments pouvant servir à l’identification et à l’interprétation des vestiges observés. Ses travaux sont à la base des principales descriptions postérieures.
« Environ à 1100 toises de Talmont, la tradition assure qu’il y avait jadis une ville fameuse que quelques-uns croient que c’était le Portus Santonum de Saintonge mais ce nom est fort incertain ; les uns disent que cette ville s’appelait Teste (ou Coste ?) de Saintonge et les autres Santonne. Mais il est incontestable à la certitude du nom qu’il y avait eu en cet endroit une ville ou un gros bourg…
… On dit que le port était au nord-est de la conche d’AURY et de PILLOUA et proche d’une maison à l’extrémité de la prairie l’on voit encore quelques vestiges de gros murs, et il paraît fort naturel que toutes les prairies qui sont au nord de Talmont furent autrefois baignées de la mer comme l’assure le vulgaire. »
Claude Masse
Au XIXe siècle, le site intéresse bon nombre d’érudits locaux, tels Eutrope Jouan, l’abbé JULIEN-LAFERRIERE, le Chevalier de Vaudreuil ; leur lecture du site est parfois fantaisiste ; plusieurs signaleront le pillage des vestiges.
« En continuant notre excursion, nous arrivâmes à des fouilles récemment faites par les propriétaires du moulin du Fâ, dans le but d’extraire des moellons des fondations des murs romains. (…) Vous devez croire, Messieurs, que nous gémîmes du vandalisme de nos compatriotes … ».
(Recueil des actes, archives et mémoires de la Charente-Inférieure, T II, Saintes, 1876)
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Léon MASSIOU ( 1921-1926 )
La première grande campagne de fouilles est due à Léon Massiou, entre 1921 et 1926. On dégage une partie de la base du temple circulaire du Fâ. La découverte la plus importante est, en 1923, celle du pied gauche d’une statue en marbre blanc. Au même endroit est découvert la partie droite d’un pectoral en calcaire, dont la partie gauche sera mise au jour 70 ans plus tard ! Au sud de la ferme de La Garde, on découvre une piscine fort bien conservée, revêtues de briques épaisses (3 à 4 cm). Elle mesure environ 30m de longueur sur 10 à 12m de large. Dans un champ, à 200m de La Garde et 600m du Moulin du Fâ, des sondages mettent au jour les fondations d’un bâtiment imposant, les murs ayant une épaisseur d’environ 90cm. Dans tous les sondages réalisés, des débris de corniches, de chapiteaux et de revêtements de marbre furent signalés. Malheureusement, seuls quelques clichés sommaires sont parvenus jusqu’à nous ; pas de plan précis des découvertes, ni de dessins ou description détaillés.

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Louis BASALO (1935- 1939) et (1956-1963)
En 1935, débute une seconde campagne de fouilles sous la direction de Louis Basalo, architecte à Royan. De 1936 à 1937, la base du temple est totalement dégagée. En 1937, une stèle inscrite est retrouvée. Il s’agit d’une dédicace à Mars, qui pourrait donc être la divinité du temple circulaire. En 1938, débute la fouille des thermes. En 1939, commence l’exploration d’un aqueduc. Une partie souterraine est reconnue sur environ 200 m, à la sortie de Barzan, sur la pente de la vallée de Font-Vieille. Cette même année, un sondage est effectué sur la pente du théâtre. Après la Seconde Guerre Mondiale, Louis Basalo fera exécuter quelques recherches au pourtour du temple et dans les thermes, avec notamment des équipes de jeunes étudiants internationaux. Il a, au contraire de son prédécesseur, laissé de nombreuses traces de son action : rapports et plans réalisés par lui et ses collaborateurs, démarches pour le classement des vestiges au titre des Monuments Historiques (temple en 1937 et thermes en 1939), ainsi que travaux de consolidation sur ces vestiges.
Malheureusement, les recherches seront abandonnées, le mobilier dispersé ou volé ; le vandalisme et les intempéries contribueront à la dégradation des vestiges mal protégés.
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Jacques DASSIÉ
C’est en Juin 1975 qu’une prospection aérienne intensive révèle à Jacques Dassié, ingénieur passionné d’archéologie aérienne et amoureux du patrimoine saintongeais, l’unité d’une cité gallo-romaine s’étendant de la ferme à l’Estuaire, jusqu’à l’anse du Caillaud.
« …Au fur et à mesure de l’approche, les détails devenaient plus visibles, les formes géométriques s’alignaient révélant un plan organisé : la ville gallo-romaine surgissait des céréales verdoyantes, et cela, sur près de cinquante hectares !»
Tout devenait clair : le temple inscrit dans son péribole, l’avenue principale…descendait vers le théâtre. On distinguait des zones de magasins et des traces de constructions qui s’étendaient jusqu’au port »
Jacques Dassié

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Résurrection de la ville antique
La ferme du Fâ, jusqu’alors propriété privée, est rachetée par la municipalité de Barzan au printemps 1993. En juillet naît l’ASSA Barzan, (Association pour la Sauvegarde du Site Archéologique du Fâ) ; après défrichement et aménagement sommaire par les bénévoles de l’association, le site est ouvert au public en décembre.
En 1999, la création d’un Syndicat mixte, associant la commune de Barzan et le Conseil Départemental de Charente-Maritime, va donner un nouvel élan au site.